leslie lucien

Portrait de maman : Leslie Lucien, doula à l’écoute des femmes 


Maman de deux filles, doula et auteure du livre « À l’écoute de la naissance », Leslie Lucien prend soin des femmes pendant ces périodes de transformation intense que sont la grossesse, l’accouchement et le post-partum. Elle les accompagne dans leurs désirs, leurs besoins et les suit dans leurs choix. Rencontre avec une professionnelle inspirante et débordante de bienveillance à l’égard de celles qui deviennent maman. 


Pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel et le déclic qui vous a fait changer de voie ?

Je suis doula à Paris depuis six ans. J’ai deux filles, Léonie, 12 ans, et Zélie, bientôt 10 ans. C'est vraiment à la naissance de mes enfants que j'ai eu envie de changer de voie. Je travaillais dans la communication et j’adorais mon job, mais à mon retour de congé maternité, j’ai eu envie d’avoir un métier plus en lien avec l’humain. J’ai donc fait un bilan de compétences qui m’a amenée à réfléchir à travailler dans l’accompagnement, dans un métier où l’on est à l’écoute de l’autre. Puis à la naissance de ma deuxième fille, j’ai rencontré des groupes de paroles de femmes, notamment à la Leche league, une association de soutien à l'allaitement. J’ai eu un post-partum vraiment intense pour ma deuxième fille et je me suis sentie écoutée dans ces moments entre femmes. C’est ce qui m’a amenée à la réflexion que j’avais moi aussi envie d’écouter. J’ai commencé par une formation d’auxiliaire de puériculture. Au cours d’un stage à la maternité des Lilas à Paris, j’ai accompagné une femme en salle de naissance. Et la sage-femme avec qui je travaillais m’a dit « tu sais que ce que tu as fait là, c’est un métier et cela s’appelle doula ». J’ai donc creusé et rapidement j’ai commencé à me former. 


Y a-t-il un outil, une pratique découverte grâce à votre expérience qui vous apparaît comme particulièrement riche ou extraordinaire ?

Chaque femme peut avoir besoin d’une chose plus que d’une autre. Mais si, personnellement, je ne devais citer qu’un outil, ce serait l’écoute active. Rencontrer une doula, ce n’est pas comme aller chez le psy, où l’on va généralement avec un objectif thérapeutique, pour solutionner une problématique quelle qu’elle soit, c’est rencontrer une femme qui va m’écouter dans mon cheminement de mère. 

Les doulas sont formées pour offrir un espace aux femmes et plus largement au couple, sans vouloir donner des solutions. On n’est pas là pour conseiller mais pour que les familles cheminent. L’écoute est pour moi l’outil majeur. Mais chaque doula a sa coloration, va aller vers un outil qui lui parle. J’aime aussi beaucoup le chant prénatal parce que c’est un outil du corps très ressourçant. Parce qu’on ne peut pas chanter et penser en même temps. 


Vous parliez du couple et, en effet, vous intégrez régulièrement le partenaire dans l’échange avec les femmes qui viennent vous voir. C’est important ? 

Les partenaires, qu’ils soient homme ou femme, sont peu regardés pendant le temps de la naissance. Il est rare qu’ils aient un espace vraiment à eux, pour dire comment eux se sentent. J’aime offrir cette possibilité et les inviter à nommer ce qu’ils ressentent et comment ils se sentent dans cette transformation. C’est important pour moi qu’ils se sentent eux aussi regardés, choyés pendant ce temps. Et puis lorsqu’il y a une personne tierce dans la relation, on écoute l’autre différemment. 

Je pense aussi qu’il est important de donner un espace aux papas pour les aider à trouver leur place. On attend des partenaires qu’ils soient des piliers, dans le temps de l’accouchement notamment, sans vraiment leur donner les outils ni un regard positif sur ce qu’ils peuvent apporter. Et puis on le sait, un partenaire qui prend plus de temps pour son bébé pendant le post-partum sécrète plus d’ocytocine, il apprend à créer le lien avec son enfant. C’est très important pour qu’il y ait un partage des tâches, un partage de l’amour avec le bébé. 


On dit parfois que le post-partum dure trois ans. Cela vous semble réaliste ? 

Bien sûr ! Avant, on n’en parlait pas du tout. Aujourd’hui, on parle du mois d’or, ou du quatrième trimestre de la grossesse. Il faudrait que trois mois après la naissance les femmes reprennent le travail… Mais le temps où elles se retrouvent en chamboulement, en transformation est bien plus long. 

Au début, à la naissance, beaucoup de femmes font des to-do listes, s’organisent. Mais un enfant vient pulvériser cette organisation et il faut souvent 18 mois, 2 ans, 3 ans pour retrouver l’équilibre. C’est aussi sans doute le temps nécessaire pour qu’une femme retrouve son identité ou, d’ailleurs, découvre sa nouvelle identité car je crois qu’on ne se retrouve jamais comme on était avant. Certaines femmes viennent me voir lorsque leur bébé a un an. Il y a aussi parfois des grands-mères qui viennent me voir et me disent : « Je suis devenue mère, et aujourd’hui je deviens grand-mère, j’ai besoin de parler de mes propres naissances, de ce que ça veut dire pour moi, naître grand-mère, c’est vraiment un champ des possibles ». Bref, doula est un métier très vaste et merveilleux !


Merci à Leslie Lucien, auteure de À l’écoute de la naissance, aux éditions First. Plus d’informations sur son site. 

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