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Sophie Dumoutet : « La vie des femmes, de véritables montagnes russes ! »


Mère de trois enfants et ancienne ingénieure, Sophie Dumoutet est, depuis une vingtaine d’années, spécialiste des problématiques des femmes. Elle les accompagne tout au long de leur vie, notamment au rythme des fluctuations hormonales, de l’adolescence à la ménopause. Auteure d’une dizaine d’ouvrages, elle les aide, en séances collectives ou individuelles, à mieux se connaître grâce à des outils variés, tels que le yoga, l’hypnothérapie, la psychologie cognitive et le transgénérationnel. Rencontre. 


Comment êtes-vous passée du métier d’ingénieure-designer à celui de professeure de yoga, hypnothérapeute, auteure… et spécialiste dans l’accompagnement des femmes ? 

Avant d’être ingénieure, j’ai fait beaucoup de danse. Je travaillais beaucoup avec mon corps et j’ai retrouvé ce lien lors de ma première grossesse. Mon accouchement a été compliqué et j’ai subi ce qu’on appelle aujourd’hui communément des « violences obstétricales ». Nous étions en 1999 et personne n’en parlait… Cet épisode m’a fait beaucoup réfléchir et je ne voulais pas que cela arrive aux autres femmes ou que cela se reproduise pour moi. 

J’ai commencé à me former au yoga et à la psychologie cognitive. Entre temps, j’ai accouché de mon deuxième enfant, à la maison. 

Aujourd’hui, j’utilise l’hypnose, le yoga, et j’adapte ma pratique, à la fois mentale et corporelle, aux besoins des femmes que je rencontre. Elles viennent me voir à différentes périodes de leur vie : je considère que la vie des femmes, d’un point de vue hormonal, c’est les montagnes russes.


Vous travaillez beaucoup auprès des femmes enceintes. Quel est votre objectif lorsque vous les rencontrez ? Qu’est-ce qui se joue pour elles à ce moment-là ? 

En effet, le bouleversement est très important à cette période. Nous sommes aujourd’hui dans un monde très médicalisé où le désir des femmes pour un accouchement plus naturel n’est pas toujours pris en compte, faute de disponibilité des médecins ou des sage-femmes. Ils n’y sont pour rien, mais ils sont débordés et cela impacte la prise en charge. Personnellement, je plaide pour que les femmes soient plus autonomes. Et je pense que c’est ce que permet ma pratique notamment. L’idée est de leur redonner les outils dont elles disposent à l’origine, mais qu’elles ont perdu dans une vie plus sédentaire et citadine : le contact avec le corps ou le mental. Cela passe notamment par une pratique corporelle régulière. Il peut s’agir du yoga, mais aussi de la marche, de la natation… Peu importe, pourvu que le corps bouge !


Et mentalement, comment mieux se préparer à l’accouchement ? 

Il faut s’entraîner à tenir bon et à faire équipe avec son compagnon. Nous travaillons aussi beaucoup sur cela et les papas sont de plus en plus présents et impliqués, ce qui est génial ! L’idée pour la future maman, c’est de réussir à se mettre dans une bulle. Les jeunes enfants, lorsqu’ils jouent, sont capables de se mettre dans cet état de concentration totale sur leur activité. Mais nous avons perdu cette faculté. L’hypnose permet de retrouver cet état.  


Outre la période de l’accouchement, il y a également celle du post-partum qui peut être critique pour les femmes… 

Absolument ! Je dis souvent que l’accouchement est un marathon et que le post-partum est un triathlon… Et ce n’est pas parce qu’on s’est très bien préparée pendant sa grossesse et qu’on a eu un accouchement sans problème, que cette période sera facile. Personnellement, alors que je m’étais bien préparée, j’ai vécu un super baby-blues après la naissance de mon deuxième enfant. Pourquoi ? Parce que je n’étais pas accompagnée, parce que j’étais seule presque toute la journée avec mon bébé et un enfant plus grand… Nous vivons dans une société où les femmes se retrouvent très souvent seules à cette période. Dans certaines sociétés ancestrales, on prend grand soin des femmes en post-partum : on leur apporte la meilleure nourriture, on porte leur bébé… Elles sont très entourées. Le post-partum est à mon sens une période encore plus complexe que le prénatal et l’accouchement. 


Concrètement, comment mieux vivre cette période du post-partum ? 

Lorsque je rencontre des femmes enceintes, je les préviens : je leur dis, après l’accouchement, « faites-vous aider ! » Si des amis viennent vous rendre visite, ils ne doivent pas être une charge : pas question que la maman prépare l’apéro avec le bébé dans les bras. Et puis, dans les semaines qui suivent l’accouchement, il est important que la jeune maman ait du temps pour elle. Ce qui peut la sauver, c’est d’avoir 1 heure par jour, juste pour elle. Pour marcher (sans bébé autant que possible), se faire masser, boire un verre avec une amie… peu importe. L’idée est qu’elle ait cette zone de confort quotidienne. Dans cette période très agitée, les femmes doivent absolument être égoïstes (ce à quoi elles ne sont en général pas éduquées). Cela permettra au papa de prendre une place de choix ! Tout le monde y gagne. 


Merci à Sophie Dumoutet, auteure de nombreux ouvrage et notamment créatrice de la méthode Hypno-Yoga©, particulièrement adapté aux femmes enceintes. 


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